La Petite Librairie accueille la poétesse Véronique Maupas
Dans la poésie, j’écoute le silence. Il m’enveloppe si sûrement que je passe moi-même toute entière dans son tamis et j’entre dans un territoire où je m’aperçois que j’existais déjà. La poésie bâtit à l’intérieur de moi un espace. Je n’y possède rien. Je ne l’invente pas. Mais je désire cette architecture de silence que les mots, les musiques et les couleurs gravissent avant de se retirer.
Lors d’une lecture publique, j’aime les moments où par la grâce des mots le silence monte. Il en a été ainsi un jour de lecture à la Petite Librairie, lorsque la poétesse Véronique Maupas est venue présenter son recueil, Le mystère d’être un corps, accompagnée par son éditeur, Mathieu Amans. Peut-être était-ce dû à l’intimité du lieu, aux murs de livres, à la simplicité de l’échange qui a précédé la lecture et aux textes offerts ? « Ami, / je te donne ma parole / tiens prends / mes pensées voisées / ou muettes », nous a dit la poétesse. Je retiens de ce moment quelques poèmes. Ils ont développé en moi leur enveloppe de silence.
Je ne sais dans quelle glaise j’enfonce mes pas dans quelle poussière
je suis en terre sans idée claire des lieux où s’ancrent mes racines
continuent-elles à pousser le sais-tu
le vois-tu là où tu es
est-ce que j’emmène mes racines là où je vais
Transhumance
Ma peau de silence s’aère
piquetée de trous minuscules comme le millepertuis
en interface entre les éléments du dehors et ceux du dedans
L’œil de la nuit
Je ramène la terre pour me couvrir jusqu’au menton
dans le sang chaud de la roche océanique
je ferme l’œil de la nuit
L’œil de la nuit
Le 3 février 2024, dans le cadre de l’événement « Poésir à Danton », la Petite Librairie a accueilli la poétesse Véronique Maupas à l’occasion de la sortie de son recueil, Le mystère d’être un corps, Lignes d’Horizons, 2024.