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Anne-Marie Zucchelli, “Louanges”, Le Pan poétique des muses, Festival International Megalesia 2023
Louanges
voici qu’éclosent
les louanges
jeunes jacinthes sauvages
blanches
oscillant dans l’air
alors
devenue violettes
je m’obstine
à secouer le monde
pleine d’une ardeur
qui est un lever de soleil
et qui luit
et qui luit
*
sur l’ingénieuse toile
mon cœur
je crois
mon âme mise à nu
où l’air
s’éploie et les couleurs
fusent
mon cœur
déploie ses pattes
hors du cocon
le corps du monde se prépare à s’offrir
en sa sauvagerie
*
et je demeure en lui comme
touchant le noir, le gris
sous son sourire aussitôt
délicieux
mes fantômes, leurs âmes, oui
sous ses couleurs hautes
viennent, viendront, s’en iront d’eux-mêmes
sur l’écume, la blancheur, oui
*
en leur animalité
follement
fraîche
celle et celle encore qui
se coule
couleurs
en mes solitudes intimes
entièrement violettes dans la douceur
tout à fait pareilles
aux jacinthes, oui
jusqu’à ce que
mon cœur qui sait
batte
en paix
*
alors à l’envers
du temps
qui ne pèse plus
tout au long
j’appuie fort sur les pieds
et pousse
de cercles en cercles
vers
les aimées, ici bleues, ici ciels
haut enfantés
où l’amour s’allonge
en de vastes lieux et le ressac
*
du ressac
des terres, des bruns, au ressac
des champs
allant venant
au ressac
des eaux
des couleurs odorantes
jaunes
là là
la volatilité
paisible
du cœur
partout où il quitte
l’effroi
*
la paix
éprouvée
je ressuscite
et m’élève
puis redescends dans la jarre du jour
matrice partagée
obscure infiltrée où les germinations
s’empressent
s’accroît une joie verte
répandue
sur mes silences
en des couleurs
d’eau, de sueur et de sel
répandues sur mes saisons
*
sur la gelée du ciel
or
je nais
de couleurs nues en cela
que leur animalité même
ô nudité des couleurs
se porte en moi
à travers moi
comme une aube
pénétrant le monde