Anne-Marie Zucchelli, « Animaux – fixant le manque », tract (Radical)ette, automne 2021, trois poèmes extraits de La Nuit finie, Editions du Petit Véhicule, 2022
à ma surface courent des animaux fous mi-chiens mi-chiennes langues pendantes ils ont faim soif détalent au milieu du chaos ouvrent des yeux de supplique croient rejoindre l’abri quand de hautes images se dessinent à l’horizon me cherchent de tous côtés grognent mordent et ne lâchent pas prise mais en me retrouvant les bêtes en moi s’épouvantent de mes yeux d’oiseau de proie fixant le manque égarés dans une cage pleine de pupilles folles
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je tiens la bride de l’animal dispose ses inquiétudes comme des cailloux sur mes yeux mais je garde enfermées ses protestations et son hennissement dévore mes oreilles
je monte à quatre pattes l’intime son impudeur le lieu de la vitalité et non plus sa trace
je l’éperonne dans sa beauté à mourir afin que la chevauchée n’en finisse jamais
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je suis aux anges viennent sur ma fourrure des crocs monstres sans ailes sous la pointe de leurs sabots je tressaille et m’esquive
si étroitement couvée je vire quelques degrés en-dessus en-dessous indifférente à leur colère leur montrant le contraire
jumelle tirée de la même amande procédant à l’échange je suspends leurs masques au-dessus de l’empreinte mais j’enfonce un coin de bois pour les empêcher d’adhérer tout à fait