Agnès Geoffray, « Les yeux fermés le monde est là »

« A la lumière du jour / Il ne reste rien », écrit Agnès Geoffray dans Cartouche #2, récit syncopé reproduisant pleine page des télégrammes. Peu d’indices. Aucune syllabe en trop. Les télégrammes ne sont que les amorces d’un récit énigmatique.
Suspens & syncope, performance :
« Depuis longtemps des corps pendus, suspendus, des gestes arrêtés, des paroles figées hantent mon travail de photographie et d’écriture. Ces figures reviennent inlassablement au gré de mes travaux. Je joue de ces arrêts et ces états de suspensions, entre la chute et l’ascension, entre l’effondrement et l’élévation. Ce qui est fascinant dans le suspens c’est le temps manquant. On ne sait rien du temps précédent, on devine tout juste le temps suivant, un mouvement suspendu où tout est encore possible. Un temps de résistance. L’étirement du temps, cette attente figée est une résistance face au drame à venir. Au fil des échanges avec Vanessa Desclaux, le suspens a glissé peu à peu vers la syncope. Cette rupture dans le réel, ce flottement temporel, cet arrêt est devenu éclipse. Défaillir doucement ou sombrer brutalement, pour se mettre en retrait du réel. » Agnès Geoffray

