nouages

les heures denses …

J’ai vu la sévère splendeur des rois assyriens et l’écriture barrant leurs corps de sa route sûre.

J’ai vu l’ange aux ailes de pierre, sa compagne au plumage de paille flambant de lumière, et l’ange tout hérissé portant son aile comme une armure.

J’ai vu l’arbre et ses feuillages de pierre. J’ai vu les épis renflés du maïs et le sourire de l’homme repu.



J’ai vu l’homme épluché comme un fruit et le beau noeud d’un homme qui attend qu’on le dénoue. J’ai vu des yeux aux aguets.

J’ai vu la table mise pour des femmes en fleurs, oeil, vulve. Des femmes vases et des femmes coquillages.

J’ai vu danser depuis cinq mille ans, une femme, ses beaux bras dressés, et j’ai vu l’homme qui rêvait d’elle.

J’ai vu des gueules cassées.

J’ai vu le phoenix en colère et le chameau furieux. J’ai vu le bélier s’enfuir.

J’ai vu Orphée charmant les animaux et le berger s’endormir.

J’ai vu le boeuf tranquille et celle qui lui donnait à manger, celle qui veillait sur ses enfants et celle qui dansait, encore et encore, puis allait se mirer toute nue dans l’eau bleue.


J’ai vu un paysage précieux de terre et d’émail, et l’abeille butineuse, le chardon mûr, la chasse à l’escargot.


J’ai vu enfin les châteaux et les grands vaisseaux de guerre, les hommes se partageant la terre, celui qui répand la mort et l’ange tombant du ciel …

… au Brooklyn Museum, Metropolitan Museum et la Morgan Library de New York

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