Les lettres du vent, Fabienne Swiatly et Pascale Lefebvre, traduit en arabe par Golan Haji

Quelle jolie trouvaille d’édition ! Des livres à voir, à lire, à écouter. Deux langues entrelacées à des images-peintures. Des graphies et des couleurs comme des tâches de lumière. Un peu de français, un peu d’arabe et les gestes du pinceau pour lier le tout en des livres pour se réjouir.
C’est au hasard d’une déambulation dans la librairie Les Quatre Cents coups du Havre que je suis tombée sur ces livres légers et colorés des éditions marseillaises Le Port a jauni. Ils se tournent, se retournent et se déplient chacun à sa façon pour éveiller la curiosité et le plaisir de la découverte, comme se déploie une musique.
Car la poésie est images et chant. Elle est jeu de sonorités. De l’arabe au français la musique s’accorde. Et l’oeil se laisse surprendre.
A l’origine, la langue arabe, et les trois sons qui sont la racine à partir de laquelle se forment les mots d’une même famille.
« Puis le vent retrouve du souffle
la petite fille s’écrie : ‘Regarde !
Il vole jusqu’à ta maison' »
Pour Les lettres du vent, autour de la racine « r.ou.H », se déploient les mots « rîH »/vent, « mirwaHa/éventail », « roûH »/âme, « yâ roûHî! »/mon amour, « râ’iHa/parfum », « râHa…râH/vin, « mourîH/apaisant », « mourtâH/calme », « yaroûH »/se coucher, s’en aller…
« Et le vent revient … le vent décolle … le vent rapporte … le vent s’arrête … le vent retrouve du souffle … et le vent part … le vent a disparu … le vent revient… et aussi le vent et le vent et le vent … et le vent toujours me ramène à toi », le texte de Fabienne Swiatly prend son élan. Les mots en arabe assurent une autre matérialité, rugueuse et roucoulante.
Les larges traits, les fins coups de pinceau, les tâches, jus coulé et gouttes de Pascale Lefebvre … creusent pour nous les plis et replis aquatiques de l’air que nous respirons.
« Des gouttes dans le creux des mains
cheveux trempés, rires éclaboussés
toute la mer rien que pour eux
De la plage le vent a disparu' »

« ‘Courez ! Courez !
Jamais vous ne m’attraperez !’
La vie est un souffle d’air
qui fait et défait
quand l’âge se fait grand. »
