Mes mains sont sans géométrie aucune mais le monde entier est inscrit dans mes paumes
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Qui sait qui je suis ? Mes empreintes digitales changent chaque jour
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Ma tête tourne autour de soleils inconnus
Je m’éloigne de plus en plus de moi-même divisée en de nouvelles possibilités de lumière
Soleil sans fin cloué dans le ciel je m’ouvre à ta distance
La distance étant notre proximité
Tu te lèves et te couches avec moi
Chaque rayon désigne une soif qui me dépasse qui me fait exister
Chaque poème que j’écris existe depuis toujours
Voyageant avec la lumière je le capte
Le faisant vibrer avec les herbes du champ
Chaque jour le soleil se réincarne
Officiant dans les champs il récite des litanies de sécheresse
Après nous avoir marqués de ses tatouages
Le soleil assoiffé boit nos ombres
Pour lire l’œuvre d’Anise Koltz, on peut se référer à l’édition de « poèmes choisis » qu’elle a elle-même publiés dans la collection de poésie de Gallimard, sous le titre de Somnambule du jour en 2016. La préface que la poétesse écrit débute par : « Dès que j’écris une phrase, je suis désorientée et embarrassée, déjà, j’ai envie de la rejeter pour dire dans la suivante le contraire. C’est que j’ai toujours l’impression que l’essentiel m’échappe. La double face, le côté caché des choses. » Les derniers mots sont une invocation : « Notre langue est sacrée. Protégeons-la, veillons-la comme un feu qui ne doit jamais s’éteindre, car c’est lui qui doit éclairer la nuit du monde. »