Anne-Marie Zucchelli, “Forêts”, Filigranes, n°113, « Dans la forêt des songes » (Végétal – vol 3 – 2023)
toutes y sont
odeurs
disant d’abord les sèves
leurs voix
levées partout à travers les forêts
vertes et portées au-delà
m’emmenant en-dessous
disant la faim, le désir d’imprégnation
l’humus, la mousse, la moisissure
halte
au milieu des odeurs de résine
sinon
ne seraient ni forêts
ni feuilles, ni mousses, ni branches
vouées aux odeurs brunes
comme s’éclaire le bois
orangé sous les farouches
tumultes d’orage
pour qu’en moi toutes
poussent
mousses, branches en mes silences intérieurs
rejoindre
celle
comme les arbres
leur tronc
celle d’écorces
de pâleurs
et de feuilles
recouvrant les chûtes
elle
pas une
mais tant de sentinelles
veillant
car elle est de verdeurs
se promenant
et pareille
tout à fait
aux odeurs
leur halte
verte
leur démesure
en les forêts