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Anne-Marie Zucchelli, “Nuit volante”, Revue alsacienne de littérature, n° 138, “Divaguer”, hiver 2022
nuit volante
ma nuit
aux figues noires
comme elle me tend la main
son sel, son humidité
ô prière
elle m’emmène
debout
dans de sombres passages
entre des fruits noyés
insurrection
et son immense frai
ô nuit
si intensément gréée
je divague
comment faire autrement
et descends des courants inspiré d’inattendues errances
emmené
sans renoncer
sinon, comment vivrais-je ?
*
d’autres nuits
comme le désir de
croître
encore
accroître la contemplation
jusque
rejoindre
au-delà de la nuit
l’eau la terre et la nuit dans les arbres
les ombres de la nuit
sur les pierres
ma soif
vulnérable
et poussé par la soif
vulnérable brûlé par les années
comme la forêt
tendre
déraison
le monde tient dans le clignotement de gemmes