
Derniers articles – septembre 2025
« Je vivais dans le lit d’une joie persistante »
La lecture de Scardanelli écrit par la poétesse autrichienne Friederike Mayröcker m’incite aujourd’hui à rassembler les travaux de quelques artistes autour du rapport au temps. « Je vivais dans le lit d’une joie persistante », écrit-elle. Ce chant de la joie disparue traverse tant d’oeuvres.
Je remercie les artistes dont les textes et les oeuvres plastiques nous immergent dans « les fleurs larmes baisers violettes myosotis yeux de la mère gorge des oiseaux : belles hirondelles chéries de mes jeunes jours … » dont parle Mayröcker.
éclats du jour
Friederike Mayröcker, Scardanelli
« lorsque j’étais 1 garçonnet.
ils viendront de nouveau les flocons le feu argenté les morts se gelant
dans leurs enveloppes, mais c’est maintenant 1 mois de mai la voix du rossignol (pas encore entendue) tandis que je scrute le ciel à la recherche de la 1ère
hirondelle : amie de mes jeunes années à D., à l’époque le coeur empli de joie éternelle et murmures de l’air je me souviens
et moi tenant la main de ma douce mère qui comme FLEUR penchée vers
moi elle m’aimait comme jamais personne ne m’avait aimée
les soirées dans la cour intérieure de la maison les vers luisants nous attiraient la
lune planait en ses figures, les étoiles tombaient. Je vivais dans le lit
d’une joie persistante … »
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« les heures denses … »
« J‘ai vu l’arbre qui fut là autrefois, son fantôme abandonnant sur le mur son linceul de brume ... »
promenade à Rouen, Paris, Epinal
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Tarik Hamdan, Rire et gémissement et Exercices d’apprentissage
Coeur dans la rue
« Hier, un coeur chuta au sol
Il heurta l’asphalte dans la rue et roula jusqu’à atteindre le bas de l’immeuble. Ma voisine catholique dit, « c’est le coeur d’un démon dans lequel Dieu a shooté ». Du bout de la rue la fille hippie hurla, « ce sont les usines, les usines ! » L’épicier arabe fixa des yeux le coeur en disant, « Allah akbar ! Gloire à Dieu ! »
Le patron du café se réjouit de satisfaire les nombreuses commandes passées soudain par des clients qui buvaient leurs bières et mangeaient des pistaches en contemplant ce coeur. … »
Lire la suite de Tarik Hamdan
Les lettres du vent, Fabienne Swiatly et Pascale Lefebvre, traduit en arabe par Golan Haji
« « ‘Courez ! Courez !
Jamais vous ne m’attraperez !’
La vie est un souffle d’air
qui fait et défait
quand l’âge se fait grand »
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Catherine Barsics, Plages
« Soudain liane d’algue
me gifle
Je me souviens
du corps enfant
– je nage encore
dedans – ... »
Lire la suite de Catherine Barsics
Alexandra Lafitte, Autant que se meut l’horizon
Hatch galerie du livre, allée Aimé Césaire au Havre. Alexandra Laffite présente ses collages au papier de soie teinté sous presse. Au plafond, de grands papiers de soie. Sur les murs, les collages.
Et le chant des couleurs …
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poètes et lecteurs : entretiens
Gaëtane Muller Vasseur, traductrice : « Mettre la langue au défi »
Il y a quelques mois, j’ai eu la chance de rencontrer Gaëtane Muller Vasseur. Traductrice passionnée, elle a fait de la langue espagnole un champ d’exploration dont elle emprunte les multiples chemins entre l’Espagne et l’Amérique du Sud. Je la remercie d’avoir accepté de s’entretenir avec moi.
Lire la suite de Gaëtane Muller Vasseur
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dialogues avec un livre
Audomaro Hidalgo, Mère saturne
J’ai lu Mère saturne du poète mexicain Audomaro Hidalgo, puis dans la foulée, les autres recueils qu’il a publiés aux éditions Phloëme les deux années précédentes et traduits si sensiblement en français par Gaëtane Muller Vasseur, Incision et Les desseins de l’intempérie.
Le temps est le titre et sujet du recueil. Temps suspendu à la profondeur des souvenirs – grand-père, voix, forêt, oiseau -. Le temps farouche de Saturne …
« Le temps pousse comme poussent les petites fleurs colorées autour de la tombe. Le temps n’est pas le Rhône qui coule toujours plus loin, vert et monotone, sans pause. Le temps est la fleur que nous aimons et dont nous souffrons, la fleur que nous ne pouvons pas couper. Le temps naît, il émerge. Il ne vient pas du passé, c’est une vague qui surgit et se fond dans le feu de l’instant … »
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d’un art à l’autre
Nicolas Poncey, Variations en pleine mer
A Cherbourg, à la galerie La Bouée, ancien hangar réhabilité, lumineux et haut de plafond, Nicolas Poncey présente ses Variations en pleine mer, mystérieux signes d’une langue inconnue tracée, incisée ou brodée sur des panneaux de bois, des plaques d’ardoise, sur toile ou sur papier.
« J’ai eu très vite envie d’une respiration, de quelque chose d’organique, d’une création à partir d’éléments primaires pour retrouver du sens et m’évader de la peinture traditionnelle. J’ai commencé à tracer sept traits dans un sens, puis dans l’autre. Ils composent au fil du temps un alphabet pictural s’aventurant à murmurer une histoire aux yeux du regardeur »
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Jacques Ancet, Les travaux de l’infime, dessins d’Alexandre Hollan
J’ai lu le recueil Les travaux de l’infime du poète Jacques Ancet. Le livre reprend des textes précédemment publiés dans la collection PO&PSY, en les replaçant dans les ensembles plus vastes qui les ont vus naître. Ici, « Les travaux de l’infime », « Portraits sans visages » et « Pour ne pas finir ».
Pour cette publication, les poèmes sont accompagnés de dessins du peintre d’origine hongroise, Alexandre Hollan.
« On a beau voir, on ne peut pas voir.
On ferme les yeux : on voit quand même :
les choses très vite, comme en négatif.
Puis les couleurs, un brouillard
lumineux. Quand on les ouvre
ce qu’on voit ressemble à ce qu’on ne voit pas.
Le ciel casse – la montagne tombe. »