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Agnès Pataux, Nudité



Lors du festival photo du Havre, “Are you experiencing ?”, la galerie Incarnato a exposé au mois d’avril les photographies en noir et blanc d’Agnès Pataux. La série s’intitule “Nudité”.

Agnès Pataux, Nudité, 1/20



Certaines images ouvrent nos yeux. Quelques-unes ont le pouvoir de les refermer.
De celles-ci, nous sommes le corps double où s’avance à tâtons la recherche d’une figuration possible. Car c’est en nous que se suspendent ensemble l’image et ses significations.

Devant les photographies d’Agnès Pataux, que de sentiments jaillissent ! Ses portraits nous accompagnent à la lisière d’un territoire où le corps est davantage corps. Où l’esprit est corps aussi. Il s’agit, selon la photographe, de “montrer ce qui est. Montrer la matière de ce qui est à défaut d’en connaître le sens.”

Photographier opère un sortilège et pose le réel en ses apparitions multiples. Toutes se serrent dans le cadre de l’image. Lorsque la lumière enlève les formes sur le fond si sombre, parfois si noir, alors l’image se démêle et commence à cheminer en nous.

En nous, qui demeurons cachés.
Nous, en qui la forme du corps mute en secret.
La mettre en image est téméraire.

“Il s’agit d’être à la hauteur”, écrit Agnès Pataud, “pour révéler, sans les trahir, ces paysages majestueux comme ces êtres à la fois dignes et vulnérables qui m’émeuvent, me troublent et suscitent mon admiration.”

Ces portraits parlent de pudeur, de respect, de tendresse. De tant de transparences, également. Comme si l’acte de photographier levait les barrières entre deux êtres, celui qui regarde et celui qui est regardé.
Branle-bas dans la figuration. La morsure de la lumière est bien la même sur la chair comme sur la pierre ou sur les végétaux. Les corps nous sont immédiatement familiers, mais l’image de nos nudités s’en va à la dérive. Nos regards se troublent. C’est nous que la photographie révèle à travers le portrait d’un autre.

Nous, qui sommes invités à être ce regard et à être sous ce regard.
Le regard parfois souverain fore l’épaisseur de l’image. Ainsi commence le remorquage de l’être vivant qui vit au large et accepte d’entrer dans le cadre de la photographie.

D’autres fois, le regard s’éblouit ou s’obscurcit et nous perdons pied.
C’est là le but. Car la matière est puissante et veut fermement sa revanche sur nos conquêtes. Elle pousse le grain noir et blanc aux limites du cadre, comme elle se rue sur le corps pour inscrire son éternité dans le présent.

Lorsque ces photographies soutiennent comme elles peuvent l’inondation de l’ombre par la lumière, elles deviennent mon corps même et accroissent mon humanité.



Agnès Pataux, Nudité, 4/20


Agnès Pataux, Nudité, 16/20


Pour découvrir le beau travail d’Agnès Pataux, voici son site : https://agnespataux.com/fr/accueil

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