Brigitte Comte, sculptures
La sculptrice Brigitte Comte travaille à Penmarc’h dans un atelier tout proche de l’océan. Dehors, tant d’éclats… vifs, mouvants, aquatiques et aériens. Chez elle, les sculptures s’éclairent d’autres lumières. Diffuses, concentrées, reflétées… toutes changent selon la nature des pierres.
Le première surprise est de découvrir la force de leur présence. Marbres, granit, calcaire, gypse, stéatite, onyx, serpentine, albâtre … toutes les pierres portent en elles un peu du monde mis à nu, un paysage terrestre trouvant sa place dans un intérieur.
Devant ces oeuvres, il me semble comprendre combien sculpter opère un corps à corps avec une matière vivante. Une matière qui continue de vivre une fois la sculpture achevée.
Brigitte Comte, Ondine, marbre de Carrare, Bardiglio, 35 x 16 x 20 cm, 2016
La pierre est lourde et chacune a sa densité. Pour tailler, creuser, poncer et polir, la sculptrice s’installe dehors. Elle parle de résistance, de force et de prudence, car un éclat ôté ne se recolle pas. Le travail est lent et le dialogue continu avec la matière.
La pierre parle de douceur.
Elle demande qu’on la touche, que la paume se creuse, que les doigts caressent le grain et en épousent le mouvement.
Sous les mains de la sculptrice, elle laisse découvrir le merveilleux secret de ses couleurs intérieures et libère l’imagination courant sur les moirures, les stries, les piquetages jaunes, verts, bruns, rouges, noirs ou les blanches opalescences…
Brigitte Comte, Polaire, albâtre des Charentes, 39 x 23 x 20 cm, 2002
Que cherche-t-on dans un bloc de marbre, de granit ou de calcaire, qui pourrait nous parler de nous-mêmes ? Qu’ajoute-t-on à la pierre en lui ôtant de la matière ? Pourquoi y faire figurer notre image ?
Parce que la pierre demeure. Taillée, creusée ou poncée, son caractère reste inchangé. Juste révélé. Magnifié.
Parce que la pierre nous parle du temps long de la vie des roches.
Parce qu’elle représente dans le creux de nos mains un fragment du vaste paysage terrestre d’où elle a été tirée.
Brigitte Comte, Fébris, serpentine du Zimbabwe, Pringstone, 59 x 10 x 11 cm, 2004
Je pense aux gestes de la sculptrice comme au mouvement incessant de la mer roulant les galets.
J’aime retrouver sur certaines oeuvres les traces rugueuses et chaotiques de la pierre première et découvrir les marques des gestes retenus.
Il me semble alors, devant les sculptures disposées dans cette pièce lumineuse, qu’elles m’interrogent sur le caractère de notre propre matérialité.