
C’est ici que l’on couche
avec les herbes folles
morilles endiablées
désirant Cassiopée
se dressent vers la nuit
qui l’arrose en retour
– estive boréale
de son lait infini
Là où dansent les arbres
tanguera le vertige
là où fila la sphaigne
les loups reparaîtront
et le miel toutes fleurs
coulera à foison
La sève monte
un autre printemps
Viens !
(Chavanac)
Je suis la mémoire de tes rêves et de tes promesses
celle qui affleure quand tu es nu
urgence, urgence, retiens-moi !
Pose ta paume sur mes flancs
respire ma brume
feu follet, apparition, nourris mon encre
donne-moi vie !
(Meymac)
*
Liquide, une cordelle
du puits au chavirant,
ruisselle et puis se tend
– mélopée de dotâr
sorbet suave safran
en songes acrobates
sur les ponts d’Ispahan
Il y eut des fenêtres,
des nuits sans barreaux,
des voiles alanguies,
des fontaines de mots
Le savais-tu Mon Amiral
il faut mourir deux fois
pour atteindre Nida
(Nida, Lituanie / Montpellier)


Caroline Giraud, “La sève monte” extraits, Margelles, n°13, printemps 2023
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