« Pulpe rouge le sang du rêve », peinture et poésie de Lambert Savigneux
Couleurs : pigments distribués dans l’eau ; mots aussi, ces images en éclairs qui traversent le langage et s’y nouent fermement. Le travail de peintre et de poète de Lambert Savigneux se nourrit d’un double regard et partout de couleurs. En elles – règne de l’image – les différents aspects du monde se frottent et se ravivent. Ecrire ou peintre pour ne pas raconter. Regarder plutôt. Se saisir d’éclats et, dans un décalage immédiat, provoquer l’irruption du monde.
La grande balafre
Même si
La grande balafre
accroché à la carcasse du monde vieux c’est la solitude coupée de la vitalité
Sur l’autre rive les cent défaites de toutes les défaites plus nette est l’étincelle la mémoire portée en rive ces chapelet des graines rouges éclatent au toucher comme pour les couver de la paume le songe de la folie affabule la source
ci git la dérive pulpe rouge le sang du rêve.
à partir dans le non-dire le oui -dire le rire émietté
Le sang dans la bouteille les vagues sur une fleur épineuse les crocs de l’énergie rode dans un trou noir
phare une épave,
l’humain veille du sol vert sur le sol duvet aérosol sur le monde l’affolement des oiseaux dans les branches
(extrait de « La grande balafre », Dogside)
Trans/i
La transamazonienne des coups de pelles et des répressions virales
le rideau est tiré sur le rêve au havre déjeté de la forêt des fleurs
des hommes jaguar et des pierres précieuses
sur les visages
sous les hauteurs des gouffres
végétaux animaux
et l’esprit sauvage la poussée intranquille au balancement des cimes
ramené dans des coffres forts pesé en boîtes numériques à l’équation en suites binaires