Elkahna Talbi, Pomme Grenade (Québec)
« Pomme Grenade, c’est moi
moi qui tente de désobéir
de libérer ce corps
pour goûter à l’amour, sans me trahir »
Désobéir. Ne plus mentir. Se débarrasser des images.
Suspecter « l’exotisme / voyage de courte durée ».
Dénoncer : « tu veux / que je crie ton nom / sans jamais entendre le mien »
Eprouver.
Parler de ce qu’elle éprouve.
Se perdre. « Je suis / ton / fantasme / sans domicile fixe ».
Parler à vif. La bouche ouverte.
« Comment
quelque chose de si intime
à moi
mon sexe
comment
peut-il être si politique
je ne me possède pas
sans papiers. »
Sentir l’empêchement. Dire ce qui était muet. Effriter les frontières. Abattre les murs.
Recycler les images, « femme / amour et / mélanine » et « ton sexe / arme blanche »
Essuyer la blancheur qui recouvre tout.
Être sans faire image.
« J’ai souvent
fait l’erreur de suivre
mon chemin à l’œil
c’est dans le goût
que je loge. »
Goûter la bouche, la langue, le sang, la peau. Une odeur. Et goûter la joie de goûter. L’insolence charnelle. Entendre la peau vibrer. Sa grâce organique. Son trouble, « je tache / indéniablement / grenade. »
Devenir corps. Pas un pays, pas une religion.
Fabriquer sa propre lumière, des mots luisant comme deux verres qui s’entrechoquent.