nouages

éclats du jour

« Les petits vols de l’inconnu sur l’horizon », Iro Nikopoulou (Grèce)

Thierry Pérémarti, « De nuits en nous nous n’avons plus »

Thierry Pérémarti, De nuits en nous nous n’avons plus Automne 2023 : Lecture du recueil de Thierry Pérémarti accompagné de dessins de Corine Pagny. Approcher peu à peu les textes. Tant de blanc autour de chacun d’eux. Un silence accompagnant une parole ramassée. Tenue au creux de la page. Au cœur, les mots, comme des animaux attrapés dont le museau renifle les odeurs de nos peurs et de nos courages et nous enveloppe d’un espoir brûlant et sombre. Ces textes courts et denses luttent contre le néant. Ils me semblent être les fragments d’une déflagration, rassemblés pour faire corps et prendre sens. Eteins les silhouettes les nudités nôtres, le ciel chauve où je prends racine. Apporte-moi l’herbe coupée qui chante encore, brouillard bu strident sous la langue – que je tienne parole, ourle le monde à bâtir, redevienne le creux où tu logeas. Arrachée du cœur, qui donc scella notre lumière ? Inverse-nous le temps passé. Recouds nos mains, elles hurlent. Qu’on ne s’y trompe pas. J’aurais voulu le moindre bruit à ce silence, aussi que durent l’innommé et le mystère de ce qui nous éclaire. Tout, où se perdre. L’élan comme la chute. Aurions-nous si bien dispersé cette vie au vent ? Raconte-moi nos sangs en moi qui coulent. En fond de gorge, je goûte ce qui n’a pu être : les fruits âgés, le miroir éteint. Puis, mémoire consentie au dos des ombres, doucement je cisaillai la source les eaux. Offerts au front des oublis nous partîmes, aurait-il fallu lisser les ronces, s’en tenir aux lisières ? Ne rien dire qu’on ne sût déjà ? A peine un regard conjugué, à peine un signe à l’horizon, je vis au mitan au noyau où ton odeur enivre, heureux d’appartenir. Thierry Pérémarti, De nuits en nous nous n’avons plus, dessins de Corine Pagny, Editions Douro, 2023, coll. « Présences d’écriture » https://thierryperemarti.com/publications https://www.editionsdouro.fr/thierry-pérémarti

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Les « yokai » de Marie Lhomet à la galerie Incarnato

Les « yokai » de Marie Lhomet à la galerie Incarnato 9 décembre 2023 : Performance de Marie Lhomet à la galerie Incarnato où elle expose « Peau de papier ». En plus des créations en deux dimensions, Marie Lhomet réalise des costumes de papier et d’osier inspirés de la culture japonaise. Ce soir là, portés par Marie Lhomet, Albine Lambert et Michel Wolfstirm, les costumes donnent vie aux yokai, figures masquées issues des rituels japonais. Le costume de papier porté comme une seconde peau, est un cocon à l’intérieur duquel le corps entre pour renaître dans sa sauvagerie. https://www.incarnato-lh.fr/ www.instagram.com/marie.lhomet

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Christine Pezzana, « un si grand désir »

Christine Pezzana, « un si grand désir » « Ecoute ce rythme malade d’un si grand désir maître du chant sacré Enlacés aux arbres les oiseaux forcent images et souvenirs A cette vie qui là-bas lançait au vent l’imagination au jour mourant Vantant la couleur de ces joues par-delà la folie de cet air Actrice moquée d’avoir eu cette prétention à chercher le bonheur. » Christine Pezzana, Embouillements, Editions du Petit Véhicule, 2021 10 septembre 2023 : Avancer pas à pas. Ne pas trop y toucher. Éprouver et être empoignée par l’émotion. La reconnaître. Reprendre alors le fil d’un dialogue qui s’affine, où s’unifient l’immensité ouverte par la disparition d’un être et le souvenir intense qu’elle laisse. La poésie de Christine racontait le silence, l’éclat du paysage et les décombres. Elle était parfois incendiée de lumière. Très noire aussi. Fertile écriture, elle demeure pour toujours parmi nous engagée dans une histoire vive. https://lepetitvehicule.com/embouillement-de-christine-pezzana/

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Marlena Braester, « A l’inachevé »

Marlena Braester, « A l’inachevé » Sans fruits sans fleurs sans feuilles sans branches rien qu’un tronc de poème sous la violence et les cercles des paroles qui rêvent de l’arbre absent et de ses gestes dans l’air * L’énigme ne craint pas son ombre et l’ombre craint le jour elle qui déplace les gouffres elle qui déplace les souffles au-dessus des gouffres elle qui traverse le temps cet énorme aujourd’hui rythménigme tremblant ne se pose nulle part Marlena Braester,  » A l’inachevé « , Revue alsacienne de littérature, n°139, 2023 http://larevue-ral.blogspot.com/

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Caroline Giraux, « La sève monte »

Caroline Giraux, « La sève monte » C’est ici que l’on couche avec les herbes folles morilles endiablées désirant Cassiopée se dressent vers la nuit qui l’arrose en retour – estive boréale de son lait infini Là où dansent les arbres tanguera le vertige là où fila la sphaigne les loups reparaîtront et le miel toutes fleurs coulera à foison La sève monte un autre printemps Viens ! (Chavanac) Je suis la mémoire de tes rêves et de tes promesses celle qui affleure quand tu es nu urgence, urgence, retiens-moi ! Pose ta paume sur mes flancs respire ma brume feu follet, apparition, nourris mon encre donne-moi vie ! (Meymac) * Liquide, une cordelle du puits au chavirant, ruisselle et puis se tend – mélopée de dotâr sorbet suave safran en songes acrobates sur les ponts d’Ispahan Il y eut des fenêtres, des nuits sans barreaux, des voiles alanguies, des fontaines de mots Le savais-tu Mon Amiral il faut mourir deux fois pour atteindre Nida (Nida, Lituanie / Montpellier) Caroline Giraud, « La sève monte » extraits, Margelles, n°13, printemps 2023 https://www.brunoguattariediteur.fr/boutique/revue-margelles/margelles-n13-printemps-2023/

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Seth et Zeso & BK FOXX, « Alice au pays des merveilles »

Seth et Zeso & BK FOXX, « Alice au pays des merveilles » 5 avril 2023 : sur le beau blog « François-Régis street-art », les street artistes Zeso & BK FOXX, Queenssand, Akelo, Seth et Demoiselle MM suivent Alice dans une promenade urbaine au pays des merveilles. « – Voudriez-vous me dire, s’il vous plaît, par où je dois m’en aller d’ici ? – Cela dépend beaucoup de l’endroit où tu veux aller. – Peu m’importe l’endroit… – En ce cas, peu importe la route que tu prendras. » Lewis Caroll, Les aventures d’Alice au pays des merveilles, 1865 Paris 17ème, Marché des Batignolles, Fév. 2022 – Seth Lurcy-Lévis, Street Art City, Août 2020 – Zeso & BK FOXX Voir le blog : https://francoisregisstreetart.fr/street-art-alice-au-pays-des-merveilles Découvrir et redécouvrir : Alice au pays des merveilles, interprété sur le podcast « Tout avec presque rien » : https://toutavecpresquerien.com/alice-au-pays-des-merveilles-de-lewis-carroll/

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Lambert Savigneux, « Terres en rives du monde »

Lambert Savigneux, « Terres en rives du monde » 18 mars 2023 : aujourd’hui, je me laisse gagner par les « Terres en rives du monde » de Lambert Savigneux, illustrées par les encres de Denis Smith. Elles ouvrent devant moi un monde baroque, visuel et sonore profondément imprégné de nature. Voyages ou rêverie imaginaire nourrissent une écriture rythmée, vivante qui lève à la lecture des images multiples et puissantes, nouveaux territoires pour nos paysages intimes. Lambert Savigneux, Terres en rives du monde, avec des encres de Denis Smith, Editions du Petit Véhicule, 2023. Coll. Galerie de l’Or du temps https://aloredelam.com/presentation/ https://lepetitvehicule.com/etiquette-produit/lambert-savigneux/

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Germaine Richier, « La forêt », 1946-1947

Germaine Richier, « La forêt », 1946-1947 Germaine Richier, La forêt, 1946-1947, bronze 4 mars 2023 : Devant l’homme-forêt, sursaut de joie. Oui, être humain comme être arbre, racine, mousse, feuille, sauterelle. Respirer l’eau, la terre, la lumière et l’orage. Profonde émotion devant les sculptures de Germaine Richier, où l’humain poussé juste un peu plus loin est rendu aux forces de la nature. « Il y a des soirs où le ciel a la couleur et le goût de la cendre. Il a la douceur de cette poussière infiniment fine comme la tristesse indéfinie, telle qu’aucune autre au monde ne saurait être plus fine, celle d’une matière définitivement consommée. A-t-il donné toute sa fumée, tout son parfum ? Un doigt de femme, trempé dans le vase où repose le reste d’un grand feu passionné descend du ciel et nous trace un signe très doux sur le front. Ô risée de pourpre, brasiers de sang, c’est par un soir pareil que j’ai connu la main de Fatma. » Georges Limbour, Soleils bas, Gallimard, 1972 La forêt et La feuille au Centre Pompidou, 2023 Le site de la fondation Maeght reproduit le témoignage de l’écrivain et poète Georges Limbour, rendant visite à Germaine Richier dans son atelier : « Quand nous allions sortir, Germaine Richier […] eut l’envie de nous découvrir un objet d’environ un mètre cinquante de haut, enveloppé de tissus humides. Elle le désemmaillota donc, car ici la bandelette est d’un usage contraire à la manière dont on l’employait chez les égyptiens : au lieu qu’elle enveloppe les corps après la mort, c’est avant leur naissance complète qu’elle les protège. C’était donc un travail inachevé : un homme forêt, fait d’une branche d’arbre judicieusement choisie, de glaise, de fil de fer, et je crois qu’il y avait encore de la mousse, oui, tout au moins sur la branche.  Un an plus tard, en 1948 lors d’une visite à l’exposition consacrée à Germaine Richier par la galerie Maeght, Georges Limbour eut l’occasion de voir la version en bronze de la sculpture : “… voici un homme-forêt, qui est en bronze. A ses formes, on devine que cet être […] a été primitivement composé de diverse substances disparates, telles que la terre et des végétaux. On voit bien, par exemple, que son bras droit est le moulage d’une branche d’arbre noueuse qui évoquait un bras et une épaule. Il s’agit donc là d’une opération qui rappelle en peinture le collage, avec cette différence qu’ici l’objet rapporté s’est trouvé transmué, a changé de nature, passant du bois au bronze et, par là même, s’est totalement intégré à l’unité de l’ensemble…” https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/AQyCGJA https://www.fondation-maeght.com/la-foret-germaine-richier/?lang=fr

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