nouages

éclats du jour

« Les petits vols de l’inconnu sur l’horizon », Iro Nikopoulou (Grèce)

Lhasa de Sela, La marée haute (Mexique et Québec)

Lhasa de Sela, La marée haute (Mexique et Québec) « La route chante quand je m’en vais. Je fais trois pas, la route se tait. La route est noire à perte de vue. Je fais trois pas, la route n’est plus. Sur la marée haute, je suis montée. La tête est pleine, mais le cœur n’a pas assez. » 20 août 2021 : Pas de changement de trajectoire. Tous les jours les mêmes rails, le train, la tranchée morne poteaux après poteaux, piles de pont, mâts de grues, pylônes électriques, et les mêmes voyageurs dans les wagons, passant l’un après l’autre de la lumière à l’ombre. Lhasa de Sela, The Living road, 2003 https://www.youtube.com/watch?v=YKHpPhu-hD0 et https://lhasadesela.com/#contacts

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Jean-Marc Barrier, « Rien à perdre… » (France)

Jean-Marc Barrier, « Rien à perdre… » « Rien à perdre, tout à considérer. Chaque mot, chaque griffure, les bouts de colle pour que ça tienne, le chant des âges qui se dessine, tout est à toi du premier jour jusqu’au dernier. Et la réponse à ta question tient dans tes yeux et dans leur soif. A l’imprévisible tel que tu l’aimes, quand tu consens à l’abandon. » 19 août 2021. Les paroles vibrent. Leurs traces sont si légères. Souffles chauds, elles embarquent avec elles de lourdes cargaisons. Jean-Marc Barrier, La rue infinie, Phloëme, 2021 https://www.editionsphloeme.fr/de-langue-fran%C3%A7aise/oeuvres/la-rue-infinie/ et https://jeanmarcbarrier.fr

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Lambert Savigneux, Pigmenterre (France)

Lambert Savigneux, Pigmenterre Lambert Savigneux, Pigmenterre, 2008 « L’utilisation des pigments afin de donner une plus grande pureté à la matière prend toute sa mesure avec l’utilisation de l’eau qui permet de créer des espaces sensibles. Le thème de l’Océan et de l’île est bien sur à l’honneur et la luminosité demande au peintre un retrait et une retenue. » Lambert Savigneux 17 août 2021. La buée envahit la vitre comme un champignon. Un faible soleil monte à l’est, un frémissement timide de lumière noyée comme dans l’étonnement de sa propre éclosion. https://aloredelam.com/amina/

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« Une femme d’autrui »

« Une femme d’autrui » « Moi je suis tout seul parce que je le veux. Et alors, ça m’emmerde et j’y peux rien. T’es sérieux ou quoi, tu vas où là ? Vas-y, vas-y le frère ! soit cool, hein ? Fais pas le con, mec ! Me faire ça à moi… Je te promets, quand t’entends ça tu te dis c’est limite, faut arrêter. Surtout que non, des fois tout seul j’y arrive pas, j’y arrive plus, j’y crois plus, absolument plus. Et si cette fille c’était qu’une femme d’autrui et qu’elle veuille me blaguer, hein ? » Imaginons un plan contre la puissance intrusive des chemins tout tracés. Comment infléchir la ligne et la réinventer ? J’enregistre tant de vous, votre impression sur moi comme sur une terre modelée par la sensibilité que j’ai de vous. En creux, en trous, en bosses, le souffle passe. Odeurs, respirations, voix sont les sûrs véhicules de nos existences. Cordes jetées. J’écoute. Je guette. Lasso. Hop ! Chevelures, yeux, vêtements, attitudes, paroles, je vous dépouille de tout.

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« Non ! »

« Non ! » C’est vers six heures, ça a toujours été. Vers six heures, c’est comme ça. Pas parler. Pas possible. Les vieux gestes agités, répétitifs, nerveux, le tic de la bouche contrôlé. C’est pareil à un incendie mal éteint, trop superficiellement étouffé. Ça couve. « Ah ! je ne sais même plus. Je lui ai déjà tout dit, mais si ! C’est mon avis. Alors t’as pas le droit de me dire ça toi aussi parce que depuis des semaines j’y arrive plus ! Non mais des fois pourquoi tu me dis ça ? Vas-y, sérieux, c’est vrai ! Pourtant je lui ai dit, tu sais pas ce que tu veux, t’as raison d’accord, mais c’est pas méchant, je ne suis pas méchant, voilà, t’as raison comme d’habitude, écoute, c’est promis, je te promets, ça arrivera plus ! » La tête dans les mains. – « Non ! » – La plainte se prolonge à l’intérieur comme on se racle la gorge. Le corps se balance, va-et-vient sur le « bip bip » du train, son parasite, étrange signal sous-marin dont le rythme s’accélère.

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« Allô ! tu m’écoutes ? »

« Allô ! tu m’écoutes ? » « Qu’est-ce que tu dis ? Qu’est-ce qu’il a dit ? Un jour elle m’a dit… C’est elle qui me l’a dit. Je sais même qu’elle m’a baratiné. Allô ! tu m’écoutes ? » Inflexions des voix, reprise d’une respiration, rires abrupts, j’entends ce qui espère sans fin, goutte à goutte, robinet mal fermé. Alors une joie pleine et inattendue me surprend. Gestes ténus, mots discrets, expressions répétées, phrases inachevées, tension palpable du désir de dire. J’ai des conversations semblables, les questions identiques, le coin de bonheur fiché qui soulève le couvercle. Je reconnais parfois la jeunesse sur vos visages fanés.

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Louise Glück, « L’Iris sauvage » (Etats-Unis)

Louise Glück, L’Iris sauvage (Etats-Unis) « Toi qui ne te souviens pas du passage depuis l’autre monde, je te dis que je pus de nouveau parler : tout ce qui revient de l’oubli revient pour trouver une voix : du centre de ma vie surgit une grande fontaine, ombres bleu foncé sur eau marine azurée. » 16 août 2021. Des oiseaux en bandes traversent le ciel. Ils fondent sur l’arbre un à un et disparaissent dans le feuillage. L’univers se déploie. Louise Glück, L’Iris sauvage, éd. bilingue, Gallimard, 2021

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