nouages

éclats du jour

« Les petits vols de l’inconnu sur l’horizon », Iro Nikopoulou (Grèce)

Val Britton, « Deluge », 2014 (Etats-Unis)

Val Britton, « Deluge », 2014 (Etats-Unis) Val Britton, Deluge, 2014, oeuvre installée dans l’exposition « Passage », Gallery Wendi Norris, San Francisco, CA. installation spécifique sur le site de papiers découpés à la main et au laser, encre et fil « Marcher autour, dessous, dedans, sentir son corps par rapport à cette quantité de matière. En travaillant avec ces feuilles de papier délicates, en les froissant et en les tordant, j’ai senti que cette fragilité de la matière se rattachait émotionnellement à ce que j’essaie de transmettre dans ces œuvres, un sentiment de ténuité, de tension où l’on ne sait pas si les formes sont en train de se construire ou d’exploser. » (Val Britton) https://valbritton.com/detail/deluge/in-set/featured voir aussi : http://artpulsemagazine.com/the-psychogeography-of-val-britton

Val Britton, « Deluge », 2014 (Etats-Unis) Lire la suite »

Atiq Rahimi, Les mille maisons du rêve et de la terreur (Afghanistan)

Atiq Rahimi, Les mille maisons du rêve et de la terreur (Afghanistan) « La mère de Yahya est revenue, pour dire « dormez bien » et me laisser seul, me livrer à mon ombre tremblante hantée par ses deux doigts ; ces doigts qui, dans les moments les plus sombres, viennent cueillir mon angoisse et l’emportent avec la mèche de cheveux autour de son oreille. Je me demande quel mystère peut bien receler ce geste qui aimante ainsi mon regard, me coupe le souffle et parvient à chasser mes doutes et mon anxiété ? Ce geste donne à ses mains une douceur particulière, ou plutôt vient révéler leur douceur. Quand la mèche de cheveux voile la moitié de son visage, son oeil orphelin est rempli d’angoisse ; il me rend mal à l’aise. Mais dès que ses deux doigts balayent la mèche de cheveux en dévoilant son regard, il n’y a plus de trace d’angoisse. » 23 mars 2022 : parce que le sens tient à des gestes si ténus qu’il faut s’arrêter pour les percevoir Atiq Rahimi, Les mille maisons du rêve et de la terreur, traduit du persan (Afghanistan) par Sabrina Nouri, P.O.L., 2002

Atiq Rahimi, Les mille maisons du rêve et de la terreur (Afghanistan) Lire la suite »

Sophie Loizeau, « Le Chant instinctif » (France)

Sophie Loizeau, Le Chant instinctif « fin mars fait la lumière à la crème la cerisaie idéalement blanche et onctueuse sa chair ambiante j’y demeure abrutie de blanc – ma respiration tient à cela qui me renouvelle quelque soit la saison être dans l’étroitesse du miracle » 11 février 2022 : sous la lenteur et l’hiver, l’impatience. Sophie Loizeau, La Nue-bête, Paris, Amandier Poésie, 2013, coll. Accents graves Accents aigus https://sophieloizeau.wordpress.com

Sophie Loizeau, « Le Chant instinctif » (France) Lire la suite »

Claude Ber, « Fenêtres » (France)

Claude Ber, « Fenêtres » « Oh ! Ma fenêtre intérieure donnant sur un noir d’âme tel une encre illisible dans une existence passée comme une ligne hors de la page Il y avait un puits, que mon nom cerne d’une auréole car j’ai moins choisi mon nom qu’il ne m’a choisie et personne ne prend la parole qui, toujours, est donnée, prenant qui la reçoit en ce même puits creusé par l’obstination de la vérité Oh ! Mes persiennes doubles, volets entrouverts sur la nuit blanche des fleurs d’amandier je sais que j’ai vieilli et je n’ai plus le temps de croire possible ce que j’ai guetté dans l’impatience ni ce que j’ai laissé sombrer dans l’impossible aveuglement Pourtant, ce fil de vie usé jusqu’à la transparence, je le passe à présent dans le chas d’une aiguille si fine que mes yeux la devinent plus qu’ils ne la voient et c’est un puits immense que cette fente imperceptible dans un métal moins épais qu’un cheveu et l’aiguille elle-même une verticale sans limite A coté de l’amandier poussait un néflier avec ses fruits à maigre pitance creusés de gros noyaux et un plaqueminier et un mandarinier et le mimosa, l’arbre joyau casqué d’aigrettes pâles et de touffes d’or doux des arbres, tant d’arbres comme une destinée vigilante Oh ! Mes fenêtres closes définitivement je me suis tant penchée pour voir venir ceux que j’aimais et toujours ils sont venus et moi de même espérée Désormais, sous l’ombre du figuier, le dernier survivant aux racines tenaces avec ses branches écailleuses d’orvet ou de lézard et ses fruits sexuels inattendus chez ce sec à peau revêche, mon nom appelé, épelé syllabe après syllabe, lettre à lettre, rassemble la braise consumée de mon histoire la mienne ma simple vie commune Trois maisons jaunes, une murette de pierre, une pelouse rase dans la lumière rousse d’une fin d’après-midi, où il passe le temps comme il vient, avec ces instants de nulle part qui ne prennent pas à la mémoire puis ressurgissent soudain d’on ne sait plus où ni quand… ma vie, comme je vous aimais juste à ces instants-là » Sinon la transparence (extrait) 23 janvier 2021 : car les mots révèlent des étendues bien plus vastes que nous et la poésie nous remet en chemin. Claude Ber, Sinon la transparence, Paris, Editions de l’Amandier, 2008, coll. Accents graves Accents aigus https://www.claude-ber.org

Claude Ber, « Fenêtres » (France) Lire la suite »

« La France est un corps humain »

« La France est un corps humain » Regards perdus, sur le quai, assis sur un banc, la tête contre le mur. Fatigué. Sur les genoux, la veste. Il se frotte les yeux, le front. A l’arrêt du train, il se redresse et nous interpelle : « Ecoutez-moi, je vous donne mon avis. Y a le riche qui vit, y a le pauvre qui crève. Après si le cœur vous en dit, vous continuerez vos conneries, vous irez casser vos bidons. Mais moi je dis non. Voilà, c’est tout ! Moi, je suis quoi ? Moi, je vais dire tout. Je suis confondu à des étrangers. Pourtant la France je l’ai aimée. La France, c’est un corps humain. Quand t’as des potes, un humain c’est un humain, mais quand t’es un étranger, t’as pas le droit même de regarder. Quand tu regardes, t’es buté. Quelque chose s’est cassé. » Dessin de Marc-Antoine Beaufils, 2018

« La France est un corps humain » Lire la suite »

Lia Rodrigues Companhia de danças, « Encantado » (Brésil)

Lia Rodrigues Companhia de danças, Encantado (Brésil) « Je pense que la joie peut être une façon de lutter, une façon de résister. Pas seulement la joie, mais la joie aussi. On peut résister avec de l’espoir, un espoir combattant, une joie combattante ! » Lia Rodrigues Lia Rodrigues Companhia de danças, Encantado, Rio de Janeiro, 2021 1er janvier 2022 : pour une année de joie combattante ! https://theatre-chaillot.fr/fr/saison-2021-2022/encantado ; https://www.festival-automne.com/edition-2021/lia-rodrigues-encantado ; https://www.msn.com/fr-fr/video/style-de-vie/paris-avec-encantado-la-chorégraphe-brésilienne-lia-rodrigues-promet-un-enchantement/vi-AARoHfy

Lia Rodrigues Companhia de danças, « Encantado » (Brésil) Lire la suite »

Victor Malzac, « Jachère » (France)

Victor Malzac, « Jachère »  » – c’est elle encore c’est bien elle maman qui donne de quoi vivre ovale, et bêle fort, notre pays se cabre – et s’élève et féconde la région végétale – ses seins à moudre puisent le plein de blé de seigle ou d’orge ses grands seins gonflent jolis réveillent le village, la joie va se lever dans sa poitrine encore où sève doucement ma grande vie. » 23 décembre 2021 : se tenir là, dans le cercle des naissance. Ronde. Puis ouvrir au monde. Victor Malzac, « Jachère », revue Pourtant, numéro 2, Naissances, 2021, p. 63 https://www.pourtant.fr

Victor Malzac, « Jachère » (France) Lire la suite »