nouages

éclats du jour

« Les petits vols de l’inconnu sur l’horizon », Iro Nikopoulou (Grèce)

Sara Balbi di Bernardo, « Chambre 12 » (France)

Sara Balbi di Bernardo, « Chambre 12 » « elle est de l’autre côté du bureau & de la vie de celleux qui rentrent le soir j.e. est frag-menté cuisses serrées paumes serrées dents serrées sourire de téléréalité soleil de théâtre grosses ficelles elle répète le mot stable comme table comme pierre comme fer à repasser tissu lisse sans pli » 19 juin 2022 : D’infimes signes honorent la vie. Gestes et mots emmènent malgré tout. Sara Balbi di Bernardo, « Chambre 12 », extrait, Point de Chute, n°4, printemps 2022 https://revuepointdechute.fr/

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Christine Pezzana, Simultané (France)

Christine Pezzana, Simultané « Chemin fait d’un peu de terre Le paysage blanc glacé entend les craquements gelés plaisant à respirer Mais le champ abandonné attend le jour Aveugle léger à porter les sensations d’un coeur encore silencieux Quelquefois des choses au dos de la buée transportent les rêves Tu peins ce champs en mouvement à la lumière de l’aube Etreignant cette beauté l’autre main choisissant la couleur » 18 juin 2022 : être sensible à l’image, beau mystère. Sa pulsation, sa trace et son débordement… le monde offrant son intimité. Christine Pezzana, Simultané, Editions du Petit Véhicule, 2019. Coll. : Galerie de l’Or du temps. Couverture : Danse Ose, sculpture de Claude Hartmann https://lepetitvehicule.com/produit/galerie-de-lor-du-temps-n163-christine-pezzana-simultane/

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Bryan Nash Gill, « Saule », 2011 (USA)

Bryan Nash Gill, « Saule », 2011 (USA) Bryan Nash Gill, Saule (Willow), de la série WoodCuts, 2011, 49 5/8″ x 38 3/8″ 25 avril 2022 : Enduire le bois coupé d’une fine couche d’encre, prendre une feuille de papier washi fabriqué à partir de longs morceaux d’écorce, faire courir ses mains sur la surface : prendre l’empreinte de l’arbre autrefois vivant, unique comme l’est une empreinte digitale :  » Vous ne saurez jamais ce que vous manquez si vous ne trouvez pas un moyen d’entrer et de regarder. » Bryan Nash Gill https://www.bryannashgill.com/woodcuts

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Lumière !

Lumière ! « Oui, oui ! Muriel à l’envers ça fait lumière ! Quand elle est sortie en serrant ses paquets contre elle, la bouteille contre sa poitrine, je me suis dit, tiens on lui a offert une rose ! Et puis elle en avait l’air. Elle avait cette façon de sourire. Mais non, c’était le bouchon de sa bouteille d’eau, un bouchon rouge. Tu sais, je souhaite qu’il n’y ait pas de fin. » Le train s’arrête. Les deux hommes suivent des yeux une fille à la peau très blanche, descendue sur le quai, les jambes en ciseaux rapide, le dos droit, les cheveux en coulée de feu sur sa veste. Dessin de Marc-Antoine Beaufils, 2018

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Herberto Helder, « Le poème » (Portugal)

Herberto Helder, « Le poème » (Portugal)  » Chanter où la main nous toucha, où l’épaule s’embrasa, où s’ouvrit le désir. Chanter dans la table, dans l’arbre abîmé en extase. Chanter sur le corps de la mort, pierre à pierre, flamme à flamme – levé, aimé, connu. «  Le poème (extrait) 16 avril 2022 : ce miracle intérieur – la puissance chantante du monde. Herberto Helder, La cuiller dans la bouche, 1961, traduit du portugais par Marie-Claire Vromans, Ed. La Différence, 1991, collection Le Fleuve et l’écho

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Val Britton, « Deluge », 2014 (Etats-Unis)

Val Britton, « Deluge », 2014 (Etats-Unis) Val Britton, Deluge, 2014, oeuvre installée dans l’exposition « Passage », Gallery Wendi Norris, San Francisco, CA. installation spécifique sur le site de papiers découpés à la main et au laser, encre et fil « Marcher autour, dessous, dedans, sentir son corps par rapport à cette quantité de matière. En travaillant avec ces feuilles de papier délicates, en les froissant et en les tordant, j’ai senti que cette fragilité de la matière se rattachait émotionnellement à ce que j’essaie de transmettre dans ces œuvres, un sentiment de ténuité, de tension où l’on ne sait pas si les formes sont en train de se construire ou d’exploser. » (Val Britton) https://valbritton.com/detail/deluge/in-set/featured voir aussi : http://artpulsemagazine.com/the-psychogeography-of-val-britton

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Atiq Rahimi, Les mille maisons du rêve et de la terreur (Afghanistan)

Atiq Rahimi, Les mille maisons du rêve et de la terreur (Afghanistan) « La mère de Yahya est revenue, pour dire « dormez bien » et me laisser seul, me livrer à mon ombre tremblante hantée par ses deux doigts ; ces doigts qui, dans les moments les plus sombres, viennent cueillir mon angoisse et l’emportent avec la mèche de cheveux autour de son oreille. Je me demande quel mystère peut bien receler ce geste qui aimante ainsi mon regard, me coupe le souffle et parvient à chasser mes doutes et mon anxiété ? Ce geste donne à ses mains une douceur particulière, ou plutôt vient révéler leur douceur. Quand la mèche de cheveux voile la moitié de son visage, son oeil orphelin est rempli d’angoisse ; il me rend mal à l’aise. Mais dès que ses deux doigts balayent la mèche de cheveux en dévoilant son regard, il n’y a plus de trace d’angoisse. » 23 mars 2022 : parce que le sens tient à des gestes si ténus qu’il faut s’arrêter pour les percevoir Atiq Rahimi, Les mille maisons du rêve et de la terreur, traduit du persan (Afghanistan) par Sabrina Nouri, P.O.L., 2002

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Sophie Loizeau, « Le Chant instinctif » (France)

Sophie Loizeau, Le Chant instinctif « fin mars fait la lumière à la crème la cerisaie idéalement blanche et onctueuse sa chair ambiante j’y demeure abrutie de blanc – ma respiration tient à cela qui me renouvelle quelque soit la saison être dans l’étroitesse du miracle » 11 février 2022 : sous la lenteur et l’hiver, l’impatience. Sophie Loizeau, La Nue-bête, Paris, Amandier Poésie, 2013, coll. Accents graves Accents aigus https://sophieloizeau.wordpress.com

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Claude Ber, « Fenêtres » (France)

Claude Ber, « Fenêtres » « Oh ! Ma fenêtre intérieure donnant sur un noir d’âme tel une encre illisible dans une existence passée comme une ligne hors de la page Il y avait un puits, que mon nom cerne d’une auréole car j’ai moins choisi mon nom qu’il ne m’a choisie et personne ne prend la parole qui, toujours, est donnée, prenant qui la reçoit en ce même puits creusé par l’obstination de la vérité Oh ! Mes persiennes doubles, volets entrouverts sur la nuit blanche des fleurs d’amandier je sais que j’ai vieilli et je n’ai plus le temps de croire possible ce que j’ai guetté dans l’impatience ni ce que j’ai laissé sombrer dans l’impossible aveuglement Pourtant, ce fil de vie usé jusqu’à la transparence, je le passe à présent dans le chas d’une aiguille si fine que mes yeux la devinent plus qu’ils ne la voient et c’est un puits immense que cette fente imperceptible dans un métal moins épais qu’un cheveu et l’aiguille elle-même une verticale sans limite A coté de l’amandier poussait un néflier avec ses fruits à maigre pitance creusés de gros noyaux et un plaqueminier et un mandarinier et le mimosa, l’arbre joyau casqué d’aigrettes pâles et de touffes d’or doux des arbres, tant d’arbres comme une destinée vigilante Oh ! Mes fenêtres closes définitivement je me suis tant penchée pour voir venir ceux que j’aimais et toujours ils sont venus et moi de même espérée Désormais, sous l’ombre du figuier, le dernier survivant aux racines tenaces avec ses branches écailleuses d’orvet ou de lézard et ses fruits sexuels inattendus chez ce sec à peau revêche, mon nom appelé, épelé syllabe après syllabe, lettre à lettre, rassemble la braise consumée de mon histoire la mienne ma simple vie commune Trois maisons jaunes, une murette de pierre, une pelouse rase dans la lumière rousse d’une fin d’après-midi, où il passe le temps comme il vient, avec ces instants de nulle part qui ne prennent pas à la mémoire puis ressurgissent soudain d’on ne sait plus où ni quand… ma vie, comme je vous aimais juste à ces instants-là » Sinon la transparence (extrait) 23 janvier 2021 : car les mots révèlent des étendues bien plus vastes que nous et la poésie nous remet en chemin. Claude Ber, Sinon la transparence, Paris, Editions de l’Amandier, 2008, coll. Accents graves Accents aigus https://www.claude-ber.org

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